Hum? (Feat Ivy)

       

Hum? C'est quoi cette embrouille? Qui a allumé la lumière? Rah, je dormais paisiblement, et voilà que ce fichu soleil se ramène...Pas le choix. Debout, ce n'est pas une attitude de chef de Clan de faire la grasse matinée, et encore moins pour un descendant direct des Fondateurs ! Je clignais donc des yeux, sortant de mon lit sans la moindre envie. Je m'habillais rapidement, toujours pareil, costard cravate. J'aurais dû passer à la Cantine comme chaque matin, mais aujourd'hui je n'avais pas faim. Plongé dans mes réflexions, je me rendit dans la Salle de Détente. Vide, ils dormaient tous. Guerriers, Lieutenant, endormis... Je me vautrai dans le premier fauteuil venu, fixant un mur, pensif. Il y avait trop de calme ces temps ci. Il fallait que je me change les idées, mais comment? Telle est la question...

       

       

Je sursautai en l'entendant, brusquement tiré de mes pensées. Je me redressais et me retournai, apercevant la guérisseuse de mon Clan. Je lui adressai un sourire amusé.

       

▬ Eh bien, nous sommes les deux seuls réveillés, et puis bon, je n'ai pas de partenaires d'échecs sous la main.  

       Je ne me levais pas pour autant, voulant me replonger dans mes rêvasseries. Et oui, je n'avais personne avec qui jouer aux échecs, pour un chef, répondre ça ! Mais bon, nous étions en temps de paix, sans la moindre sombre prophétie à l'horizon et avec le ventre bien rempli, pourquoi ne pas en profiter après tout? La vie est trop courte pour la passer déprimé ! ...Et c'est moi qui pense ça. Ah là là, quelle ironie tout ça. Mais bon. Je regardais donc la jeune femme sans vraiment la regarder, pensif.

       

       

       

▬ Pourquoi pas, cela ne se refuse pas !

       Je souriais en voyant l’échiquier installé. Mon regard se stoppa sur les pions. Je surveillai leur position sans vraiment la surveiller, étant ailleurs. J'attendais que la guérisseuse me fasse signe que la partie pouvait commencer. J'y réfléchissais à moitié, prévoyant déjà quels pions j'allais bouger en premier, quelles attaques prévoir, quelles défenses mettre en place. Et tout ça, c'était ce qu'il fallait aussi que je fasse en dehors des échecs : dans mon propre Clan. Cela faisait des années à présent, je ne comptais même plus le temps. Et ma vie était ainsi. Je dormais, je mentais, j'élaborais des stratégies.

       

       

Je regardais d'abord les pions, puis la guérisseuse. J'essayais de lire la stratégie qu'elle allait mettre au point sans pour autant dévoiler la mienne. Plus facile à dire qu'à faire. En fait, j'hésitais entre monter de suite une bonne défense, solide et infranchissable, ou attaquer de suite, sans lui laisser le temps de réagir. Deux tactiques plutôt prometteuses, mais reste une question. Laquelle choisir? Je me remis à fixer l'échiquier, perdu dans mes réflexions. Je savais qu'au vu de son calme, la jeune femme n'était pas une débutante en ce jeu, et je me doutais qu'elle serait enfin un adversaire à ma taille.

       

       

Je souriais de plus belle en voyant ses coups. C'était enfin un adversaire à ma hauteur. Ca changeait des gens que j'avais affronté jusque là. Là, le match en valait la peine. Il valait la peine d'être joué, d'être regardé. J'avais compris sa tactique, et cela se lisait dans mon regard. Elle cherchait à me coincer. Mais j'avais déjà prévu les portes de sorties. Enfin, une seule. Premier match perdu depuis longtemps, si j'ose dire ! Eh oui, je n'allais pas gagner cette fois ci. Enfin, ce n'était pas vraiment perdu. De nombreux coups s'enchaînèrent, jusqu'à élucidation de cette partie. Nous étions à égalité. Je la remerciais d'un signe de tête pour cette partie. Pour une fois, un peu de distraction intéressante !

       

       

J’acquiesçai d'un signe de tête. J'étais ravi que pour une fois, on ne m'appelait pas "Chef". Ca changeait un peu, d'être appelé par son nom, ou pour mon cas, surnom, à la place d'être appelé par son rang. Je me relevai, regardant mes guerriers un sourire aux lèvres.

       

▬ Dites donc vous tous, vous n'avez rien d'autre à faire?

       Un geste de la main appuya mes paroles, les faisant se disperser. Je me retournais vers la guérisseuse.
       

▬ C'est quand vous voulez pour un autre match.

Et sur ces mots, je partis à mon tour, sortant du camp pour aller me promener dehors, mains dans les poches, pensif.