La rencontre [PV emilia]

Mes pas se faisaient lourds et pesants. Ma cape noire, salie par différentes souillures, m'entourant entier. Mes cheveux d'encre, parsemé ici et la de mèches blanches, ondulaient sous la brise... Ma tête était enfoncée dans mon écharpe noire aussi naturellement et mes yeux, deux puits vides et sans fond, d'un bleu profond, tel un océan écumeux parsemé de vague et d'écume, étaient sombres, vides, dénués de toutes émotions particulières. Qu'elles soient négative ou positive, car oui il était vrai que je ne ressentais absolument rien en ce moment, pas une once de sensation... Seulement la faim et la fatigue qui me tiraillaient l'estomac et ma tête se faisant lourde aussi, la migraine me martelant le crane depuis plusieurs jours. Je ne comptais plus les jours ou je n'avais pas mangé ni dormi mais je m'étais éloigné un temps de la ville pour pouvoir me reposer un peu, c'était clair je n'en pouvais plus. Mon visage était d'une pâleur effrayante et des cernes violacés faisaient marques sous mes yeux.

Je continue a marcher sur le petit sentier, un petit chemin escarpé et peu entretenu, malgré tout agréable et d'un calme apaisant... Le calme, la tranquillité, rien de tel pour profiter un moment de ce que je ne me permet pas d'habitude. La sacoche accroché dans mon dos contenait du pain sec un un peu d'eau dans une gourde, le pain je comptais le garder pour bien plus tard, et l'eau aussi... Plus loin un buisson de myrtille trônait, je m'en approcha et en croqua quelques unes, un petit plaisir, qui malgré délicieux ne me remplirait pas l'estomac pour autant... Je continua a marcher pendant un moment, mes semelles a crampon crissant dans la terre fraichement retourné. Je gravit une petite pente et lorsque j’arrivai en haut a l'orée d'un grand plateau, une rafale de vent me fouetta le visage et un doux sourire se dessina sur mes lèvres lorsque je rouvris mes yeux et balaya la lande du regard. Les grands amas de roche formaient des ombres se dessinant au sol et s'étirant au loin. Elle était en voute ou les une sous les autres, formant une sorte d'hotel a dieu ou un simple abris. Je m'approche, le soleil baigne la clairière et fait frémir et ondoyer l'herbe tendre sous mes pas, je m'avance en tendant la main et touche du bout du doigts avant de passer ma main sur la roche grise, lisse et froide. Je fais glisser ma main, le long, marchant et le contournant, mes yeux écumeux brillant d'un éclat apaisé.comme ça on dirait pas... Que la vie est si dure. Soudain j'entend un craquement, il est loin mais je l'entend distinctement quand même, tel un bruit de pas. Je me retourne mes yeux écumeux réduits a deux fentes. Je dit d'une voix un peu grondante et méfiante

-montre toi, je sais que tu es la.

Le bruit provenait d'un autre amas rocheux de menhir plus loin. Je fixe attentivement et aux aguets l'endroit ou devrait apparaitre la personne, glissant discrètement ma main dans mon dos pour prendre ma dague en main. On est jamais trop méfiant.

C'est alors que sur le sentier surgit une jeune femme, armée d'une longue épée a l'alliage transparent et étrangement lumineux. Elle semble bien surprise de tomber sur quelqu'un dans cette forêt d'ordinaire si paisible, c'est pourquoi on comprend aisément que son objectif en venant ici n'était pas de se battre. Ses yeux de fauve d'un vert émeraude intense fixent le jeune homme avec méfiance, Emilia ne sachant à qui elle a affaire et si elle allait ou non devoir se battre. Elle constate cependant que le jeune homme a l'air aussi surpris qu'elle malgré son apparente méfiance, ce qui est bien normal après tout. Il ne fait pas partie de son clan, d'où peut il venir? Il a une drôle d'allure avec son regard tumultueux, ses cheveux bicolores, son visage inexpressif, et cette étrange aura qu'il dégage. Curieux personnage. Emilia ne le voit pas distinctement, mais a vraiment quelque chose de... particulier. Quoiqu'elle aussi ait une drôle d'allure, avec ses yeux a la pupille changeante comme les fauves, ses cheveux rouges sang, sa peau pale comme la neige, ses lèvres étrangement très colorées naturellement, son éternel trench-coat noir, sans parler de sa simple démarche presque silencieuse et de cette immense épée qui parait bien grande pour une jeune femme comme elle.
Le vent souffle dans leurs cheveux, soufflant tout le long du chemin, faisant bruisser les feuilles des arbres qui semblent observer respectueusement tout autour, de leur regard paisible et éternel, ce vent soulevant de la poussière entre les deux jeunes gens, ce qui fait qu'ils ne peuvent pas voir distinctement a qui ils ont affaire, étant encore a une distance respectable. Emilia sur ses gardes finit par répondre au jeune homme.

"Me voici. Je ne suis pas venue ici pour me battre." Déclare t-elle.

Sa voix en impose. Calme, sonore, elle semble témoigner d'une grande sagesse, et d'un passé surchargé qui a fait d'elle une femme inébranlable. La voix de quelqu'un de fort, sûr de ses convictions. Une voix qui impose le respect, qu'on écoute avec attention, qui ne passe pas inaperçue. Tout comme Emilia.
Afin de confirmer ses dires, elle rengaine son épée, cependant prête à s'en saisir avec la rapidité d'un fauve à tout moment, bien que son attitude n'en montre rien.
Étrangement, sa main gauche appuyait fermement sur son flanc droit. Il était difficile de discerner une tâche sombre sur son manteau noir, mais malgré sa stature droite et visiblement inébranlable, impassible, elle était blessée. Les pas que le jeune ville avaient entendus précédemment était ceux d'Emilia qui titubait, ayant trébuché contre une branche par mégarde, affaiblie par le sang qu'elle perdait.