A l'ombre des sapins [PV Rosine<3]

Emilia se déplaçait à pas de loups entre les sombres troncs des grands pins hérissés à l'air menaçant. Son trench-coat noir était étroitement serré autour de sa taille, la garde de son étrange épée fermement maintenue par sa fine main gantée de cuir noir. Attentive, elle tentait de débusquer une proie, ses yeux émeraude étaient brillants de concentration. Quelques mèches rouges barraient son visage pâle, et qui avait une allure menaçante due a la concentration. En effet, son visage semblait crispé, des sourcils étaient froncés au dessus de ses yeux qui lançaient des éclairs, sa bouche était figée, la contraction de ses muscles accentuant les ombres, la rendant plus mystérieuse et inquiétante. Elle avait tout l'air du prédateur tapi guettant sa proie. Tout ses muscles tendus semblaient être prêts à bondir au moindre bruit, comme le puma qui chasse.
La chasseresse respirait à pleins poumons l'odeur froide et piquante des pins, une odeur qui brûlait délicieusement ses voies respiratoires. Le ciel était teinté de rouge, de rose et d'orange. Le soir approchait, colorant les épines vertes des pins de touches sanguinolentes.
Soudain, Emilia entendit des bruits de pas. Des pas humains. Son cœur faisant un bond dans sa poitrine, elle resserra sa prise sur son arme. Méfiante, elle fit d'une voix très assurée: "Qui est là?"
Elle regardait autour d'elle, ses yeux scrutant le clair obscur ténébreux qui teignait dans la forêt. C'est alors que dans l'ombre, elle pût distinguer une silhouette.

Cette silhouette, qui fût fine voire fortement amaigrie, c'était Rosine. S'étant aventurée dans la forêt pour remplir son devoir de guérisseuse, qui fût de cueillir des plantes médicinales entre autre, elle n'avait pas vu le jour passer, et était à présent perdue. N'étant pas une guerrière, elle n'y connaissait rien en ce qui fût de la discrétion, et chacun de ses pas, bien qu'ils furent légers, s'entendait de loin. Elle était repérable. Et donc vulnérable. Mais elle n'en savait rien. Malgré son âge, son innocence était telle qu'on aurait pu croire une enfant toujours enfermée, sans le moindre contact avec le monde extérieur. La jeune femme aux cheveux rouges fixait le ciel, sans prêter guère attention au reste, ignorant les dangers alentours, qu'il s'agissait de bêtes sauvages ou de guerriers ennemis. Ses yeux clairs semblaient scruter dans les moindres détails les teintes au dessus de sa tête, et un fin sourire illuminait sa mine fine. Finalement, elle s'arrêta. Elle venait de se rendre compte qu'elle ne reconnaissait plus l'endroit où elle se trouvait. "Sûrement la fatigue..." pensa-t-elle, sans la moindre intention de se faire du soucis pour elle même. Elle décida donc d'accélérer la cadence, mais ce fût non sans risques: perdue dans ses pensées, Rosine se prit les pieds dans une racine, pour aller se claquer la tête contre un tronc d'arbre, dans un boucan horrible.

"Aie !" lâcha-t-elle, assomée.

La tête lui tournait, alors qu'elle était tombée en arrière. Elle resta affalée sur le sol, agacée, et n'ayant pas la moindre envie de reprendre sa route. Elle se recroquevilla un peu sur elle même.

"Tant pis, je passerai la nuit ici..." marmonna-t-elle.

Emilia entendit un son de choc chaotique. Tressaillant, elle s'approcha à pas de loups de la silhouette, qui semblait être leur source. Elle serra la garde de son épée dans sa main gantée, et se glissa, telle une ombre silencieuse, derrière le large tronc sombre et ridé d'un immense sapin. Dos à la silhouette, elle l'écoutait. Et elle l'entendit parler.

"Aïe!" L'entendit t-elle glapir. Suivi d'un "Tant pis, je passerais la nuit ici..."

Emilia reconnut la voix d'une jeune fille, qui était visiblement en position de faiblesse. Elle ne l'attaquerait visiblement pas, mais la femme aux cheveux écarlates était curieuse de connaître les raisons qui l'amenaient ici. Et elle voulait s'assurer également que l'inconnue ne ferait pas obstacle à sa route. Époussetant son manteau, elle se glissa de sa démarche féline dans les ombres de la forêt, pour se glisser jusque dans le champ de vision de l'inconnue qui était encore étendue par terre. Elle rangea son sabre dans son fourreau et toisa la jeune fille avec un air aussi sceptique que méfiant avant de lâcher à contre-coeur un "Qu'est ce que tu fais là?"
Son imposant regard était planté dans celui de la jeune fille semblant la sonder, l'analyser, comme s'il cherchait quelque chose.